Avez-vous
déjà sauté de joie en apprenant que vous alliez regarder un film en
classe ? Personnellement, je dois avouer que oui ! Dans ma petite
tête d’élève du primaire, visionner un film en classe était synonyme de
vacances et d’amusement. Mais je ne percevais pas à cette époque que les films
et la vidéo de façon générale pouvaient avoir plusieurs implications
pédagogiques très intéressantes.
Suite à
la lecture d’un billet sur l’utilisation de la vidéo en FLE (français langue
étrangère) sur le blogue ÉduFLE.net, j’ai pu constater à quel point
l’usage de la vidéo en classe pouvait être riche et pertinent. D’abord, la
vidéo est l’outil parfait pour travailler la compréhension en langue seconde.
Ne dit-on pas très souvent qu’une image vaut mille mots ? Eh bien, dans
une vidéo, on a à la fois les mots et les images ! Alors, si vos élèves ne
comprennent ou ne connaissent pas tous les mots, les images de la vidéo peuvent
grandement aider leur compréhension parce qu’elles sont aussi porteuses de
sens. Ainsi, l’image appuie la compréhension du texte, et le texte appuie aussi
la compréhension de l’image. Le travail est donc doublement payant pour les
apprenants !
Ensuite,
le travail de compréhension orale à partir de la vidéo peut nous amener encore
plus loin vers la production orale et écrite. En effet, présenter un extrait de
film, un vidéoclip, un téléjournal, une publicité, une entrevue, un
documentaire, sont autant de bonnes façons d’amorcer une discussion et d’amener
les apprenants à s’exprimer. On peut ainsi préparer un débat en présentant une
vidéo qui suscite des réactions. On peut encourager les apprenants à développer
leur esprit critique face à ce qu’ils visionnent. On peut leur demander de
résumer le contenu d’une vidéo à l’oral ou à l’écrit. Bref, la vidéo peut
servir de point de départ à une multitude d’activités d’apprentissage.
Évidemment,
on nous en parle beaucoup dans nos cours d’université, la vidéo est un outil
précieux pour garder des traces des progrès et des travaux de nos élèves. Rien
de mieux pour évaluer la production orale que de filmer les élèves et de consigner
ces vidéos dans un portfolio auquel on peut se référer en tout temps pour
peaufiner notre évaluation ou pour témoigner des progrès ou des difficultés de
l’élève.
On peut
aussi aller encore plus loin en stimulant la créativité des apprenants à partir
de la vidéo. Le billet mentionné plus tôt propose par exemple une
activité où on présente une vidéo sans le son. Les apprenants doivent alors
formuler des hypothèses sur le message principal de la vidéo et utiliser leur
imagination pour, par exemple, rédiger le slogan de la publicité présentée ou
les dialogues de l’extrait qu’ils ont vu. J’ai trouvé particulièrement
intéressante l’idée de faire du doublage sur une vidéo dont on a enlevé le
son !
Sur le
site de TV5 monde, on présente de courtes capsules vidéo comme celle-ci
qui expliquent des expressions idiomatiques provenant de partout à travers la
francophonie.
C’est une façon originale de travailler les expressions
idiomatiques avec les apprenants.
Sur un
site appelé FLEvidéo, on offre une grande banque de quiz vidéos pour
travailler le français langue étrangère. Ils sont classés selon le niveau des
apprenants et ils touchent à des thèmes variés comme la compréhension orale, la
phonétique, la grammaire, le vocabulaire, etc.
Quand
j’étais étudiante dans une classe d’anglais langue seconde, j’ai moi-même
expérimenté une activité très stimulante qui mettait à profit la vidéo, et
j’adorerais la mettre en pratique un jour dans ma classe. C’est un travail basé
sur la lecture d’un court roman. On lit d’abord le roman et on forme des
équipes dans la classe. Le but est de faire une adaptation
« cinématographique » du roman. Chaque équipe peut travailler sur un
chapitre différent du roman, par exemple. Les équipes doivent rédiger un scénario
et des dialogues propres à leur partie du roman et qui respectent l’histoire.
Ils doivent ensuite se distribuer les rôles et se mettre en scène pour filmer
un court-métrage sur leur partie du roman. À la fin, on présente tous les
courts-métrages en classe et dans l’ordre chronologique et on peut évaluer les élèves tout en
leur demandant d’évaluer leurs pairs. Ça permet de travailler à la fois la
compréhension écrite (avec la lecture du roman), la production écrite (par
l’écriture du scénario) et la production orale (par l’enregistrement des
dialogues dans le film). C’est amusant et ça peut être moins intimidant pour
certains qu’une simple présentation orale devant toute la classe. C’est aussi
une façon de développer la créativité des élèves et de toucher à l’art dramatique
si on en a envie !
Bref, pour
les enseignants, je trouve que l’utilisation de la vidéo en classe de langue
seconde est très stimulante. On peut aller aussi loin que notre imagination
nous mène, pour autant que ce soit pertinent et enrichissant. On risque cependant
d’être limité par la disponibilité du matériel : ordinateurs branchés sur
internet, logiciel de montage vidéo, caméra vidéo, projecteur, etc. Il faut
aussi s’assurer de mener nos activités dans le respect de nos élèves, en leur
assurant par exemple la confidentialité de leurs productions vidéo, ou en
faisant signer une autorisation parentale. Malgré cela, je crois qu’il ne faut
pas hésiter à intégrer la vidéo dans nos classes et que nous en retirerons
beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients !
Attention,
moteur… et action !